Quelle
ne fut pas ma totale absence de surprise de découvrir qu’un « chercheur »
- une « chercheuse », pardon, mon atavisme patriarcal sexiste
dominateur blanc fait des siennes - venait de faire pousser un énième rhizome
de l’idéologie woke lors d’un colloque organisé par Science-Po Paris.
A partir de son article intitulé "La blanchité de la cuisine française. Droit, Race, et Culture alimentaire en France", elle explique sur le ton de l'évidence la plus absolue que la gastronomie française serait une forme de « blanchité
alimentaire », servant à « renforcer la blanchité comme
identité raciale dominante », façonnée par les « normes imposées
par les classes moyennes supérieures blanches » que sont les AOP ou le Patrimoine de l'Humanité, exclusifs (au sens d'exclusion) et racistes par essence. Il est vrai que la
garbure des Pyrénées ou la poule-au-pot Gasconne furent inventées par des
nantis Germanopratins... mais passons.
En bonne prédicatrice du mouvement, elle use comme il se doit de tous les
mots-clefs sanctifiés dans les évangiles néo-progressistes et, ne reculant devant aucun
sophisme, se paye le luxe de qualifier l’universalisme français de « racialisé ».
On serait moins étourdi d’entendre Torquemada qualifier Condorcet de sectaire !
Si certains doutaient encore de l’existence du militantisme dans la
recherche, cet exemple (combien en faudra-t-il encore ?) pourrait les
aider à ouvrir les yeux - et les oreilles ! Ces « chercheurs »
ne cherchent pas, ils trouvent directement, et d’autant plus facilement qu’il
leur suffit d'activer leur filtre de Théorie Critique pour trouver exactement
ce qu’ils prétendent chercher et entendent bien trouver.
Contrairement aux chercheurs
qui partent d’hypothèses, d’incertitudes et de tâtonnements pour aboutir à une conclusion, ils ont à leur
disposition un déjà pensé sur mesure grâce à la "Critical Theory", qui leur fournit la conclusion comme point de départ. Ne reste plus qu'à élaborer le raisonnement sur mesure qui la confirme. Il leur suffit de mettre leurs lunettes au filtre déformant et le
monde leur apparaît, comme par magie, tel qu’ils souhaitent le voir et nous
le montrer. Puisque, rappelons-le, grâce à la Théorie Critique, TOUT est
racisme, TOUT est sexisme, TOUT est domination blanche occidentale, partout et
tout le temps.
Partant de là, que reste-t-il vraiment à chercher, puisque tout
est déjà trouvé ?
Cela est tellement vrai qu’il suffirait de savoir qu’un « chercheur » est
de cette obédience pour penser avant lui et écrire à sa place le développement et
la conclusion de ses « recherches », quel que soit l’objet de son
étude : que ce soit la mécanique, la poterie, la plongée sous-marine, la menuiserie,
les sorties en forêt ou l’échangisme (ou les deux à la fois, c’est plus sympa !),
c’est la faute des mâles, blancs, dominateurs, sexistes, racistes et tout-phobes
occidentaux qui sévissent grâce à leurs outils d'oppression systémique. Je crois n'avoir rien oublié, mais comme ils sont très productifs, on ne sait jamais...
Nos "trouveurs" pourraient d’ailleurs s’épargner beaucoup de sueur inutile en faisant
appel à l’intelligence artificielle.
Une fois l’algorithme woke finalisé avec les paramètres conceptuels adéquats, on tape un mot-clé au hasard, disons, « philatélie »,
on rajoute un titre approprié, par exemple « Suprématie blanche, domination
patriarcale systémique et monde du timbre : les enjeux de la philatélie post-coloniale
française au XXIème siècle », et on clique sur « ok ».
Ne reste plus qu’à imprimer, publier et ressasser comme un catéchisme dans des
conférences avec l’aplomb de celui qui dispense la vérité révélée.
Après le surf patriarcal, les hydrocarbures pétromasculinistes, les maths suprémacistes blanches et la blanchitude gastronomique, tremblez, vils collectionneurs de timbres du Larzac, vous êtes les prochains sur la liste !