Alors que la corruption identitaire des esprits progresse inexorablement, beaucoup
de questions restent à explorer sur les manifestations et le modus operandi des
missionnaires de l’idéologie woke. Au menu aujourd’hui, non pas des paupiettes
de veau (ça renforce la blanchité gastronomique des convives, voyons…), mais « blanchiment
des idées », ou « idea laundering » en anglais, un concept
proposé par Bret Weinstein, le professeur de biologie victime du progressisme
woke à l’université d’Evergreen en 2016.
Les questions qui nous occupent, et qui ont probablement traversé l’esprit de
beaucoup de citoyens effarés par les propos de « chercheurs-trouveurs »
identitaires pourraient-être les suivantes :
Comment peut-on appeler cela de la « recherche » ?
Comment peuvent-ils affirmer que ce qu’ils avancent est bien le produit
d’études académiques « sérieuses », en citant le fait que « des études
ont démontré que… » pour appuyer la
validité de leurs thèses ?
Les « études » citées sont d’ailleurs généralement américaines, étonnamment...
Des questions auxquelles le « idea laundering » de Bret
Weinstein permet de répondre au moins partiellement.
Car une des raisons qui pourrait expliquer la diffusion aussi fluide – comme le
genre - de l’idéologie woke et de ses manifestations repose sur le
principe de légitimité académique. La portée d’un discours, la validité des
arguments d’une étude se mesurent dans le monde académique au degré de validation
par les pairs – ou peer review - lors de publications dans des revues universitaires
spécialisées. Lorsqu’un article est soumis à publication, un comité de lecture
composé d’autres chercheurs dissèque la publication pour déterminer son degré
de validité et de rigueur méthodologique, et approuver, ou non, sa publication.
Une fois approuvé et publié, il est considéré comme valide, et peut dès lors
servir de base ou de référence à d’autres recherches qui pourraient s’en
inspirer, s’y référer, etc.
Voilà pour la théorie, en quelques mots.
Et là, vous me direz que dans ce cas, au sein des comités de lecture des revues
académiques, les chercheurs n’ayant pas abdiqué leur raison et leur rigueur
intellectuelle ne peuvent décemment valider, et laisser publier comme une
lettre à la poste, les thèses fumeuses, sinon nocives, d’idéologues notoires tels
quel Robin di Angelo. Et vous auriez raison.
Sauf que, comme disent
les anglais, « there’s a catch ! ». En gros, il y a un truc !
Conscients que leurs « recherches » ne tiennent pas la route du point
de vue de la rigueur méthodologique et intellectuelle, et qu’elles pourraient
trop facilement se trouver recalées lors du peer review avant
publication, les « chercheurs » woke ont trouvé la parade :
se regrouper pour créer leurs propres revues académiques.
L’avantage, évident, est double. Eviter l’analyse de chercheurs qui pourraient faire
leur travail avec impartialité et émettre des réserves, par définition absents de leurs comités de lecture,
et fédérer les auteurs partageant la même idéologie, qui naturellement rejoignent
la revue pour faire avancer la « cause » en toute quiétude.
Résultat, un peer review d’une complaisance totale puisque acquis à la
ligne idéologique de la revue, mais qu’on peut tout de même qualifier de peer
review pour les lecteurs, sans préciser ses modalités à sens unique pour ne
pas faire désordre. L’étiquette et le tampon "certifié conforme" suffisent, évidemment, aux regards extérieurs.
Les « études » et « recherches » concernées se trouvent
donc théoriquement validées par les pairs, déclarées valables du point de vue académique,
et peuvent se diffuser dans les bibliothèques universitaires, colloques,
conférences, être reprises dans d’autres recherches et études, et se retrouver
distillées sur les plateaux télés avec l’aplomb que permet le sceau d’authenticité
de la validation académique. Ce qui permet donc d’affirmer sans ciller que « Des études (américaines) ont
montré que… », « Des chercheurs (américains) ont démontré que… ».
Leurs idées
ont été blanchies, légitimées, emballées dans un beau papier certifié conforme et
servies au public qui, en toute bonne foi, peut se dire que si ces études sont
publiées et reprises dans la recherche académique, cela prouve que ce qu’elles racontent
doit être vrai.
Pour ne rien gâcher, la validation de papiers de recherche
permet également à leurs auteurs d’obtenir des postes d’enseignement dans les
universités, et donc de diffuser d’autant plus facilement leur idéologie auprès
de générations d’étudiants.
Voilà, je crois, de quoi y voir un peu plus clair.
En 2017-2018, trois universitaires, Peter Boghossian, James Lindsay et Hellen
Pluckrose, se sont livrés à une expérience taquine pour éprouver la crédibilité de ce
genre de revues. Ils ont écrit une vingtaine de faux articles de recherche sur un période de dix mois, tous soumis
à peer review dans des revues académiques woke. Leurs premiers papiers ont été refusés car ils avaient pris le parti d’écrire
des inepties sans queue ni tête, ce qui n’a pas trompé les relecteurs.
Pour les articles suivants, ils ont travaillé en adoptant tous les codes, les
concepts et la méthodologie woke de manière à produire des articles qui puissent
faire illusion.
Ils ont commencé par établir la conclusion à laquelle ils voulaient aboutir
pour chaque article, puis ils ont élaboré le raisonnement permettant d’y
aboutir.
James Lindsay en donne un exemple dans une conférence édifiante datant de 2019,
en compagnie de ses acolytes.
L’un de leur papiers portait par exemple sur la nécessité « d’utiliser des méthodes d’éducation
canine pour éduquer les hommes » dans le but de combattre la « culture
du viol ». Ils ont ensuite construit leur argumentation à partir de la littérature
académique produite par des chercheurs woke.
Le procédé est évidemment contraire à la méthode scientifique ; il est
inconcevable de produire de la connaissance en partant d’une conclusion pour
dérouler ensuite l’argumentation sur mesure permettant de la valider.
Sans surprise,
leur papier – ainsi que six autres - a été validé, publié, et l’un des auteurs à
même reçu l’appel d’un des membres du comité de lecture, pour s’entendre dire que
leur papier constituait « une importante contribution à la connaissance » !
La malhonnêteté intellectuelle du procédé n’a dérangé aucun des membres de cette
revue, puisque qu’ils trouvaient l’idée « d’éduquer les hommes comme
les chiens » tout à fait satisfaisante et conforme à leur vision du monde.
Les trois farceurs ont finalement réussi à convaincre sept revues universitaires de publier leurs fausses recherches et ont eu la bonne idée de filmer leurs réactions suite à la réception des
messages d’acceptation de leurs papiers. Vidéo ici, avec sous-titres français disponibles.