Un ami
me faisait remarquer récemment que l’affichage du drapeau français sur un
réseau social pourrait « m’attirer des ennuis », par son association immédiate
à l’extrême droite, me rendant ainsi infréquentable aux yeux de certains.
Remarque intéressante, qui appelle une réflexion sur le jugement qui peut être
fait des symboles d’appartenance à une nation ou des idéaux.
L’accaparation du drapeau tricolore et d’autres symboles « patriotiques »
par l’extrême droite est certes une réalité, mais devrait-on pour autant s’en
satisfaire et, plus encore, s’y soumettre en baissant les yeux, abandonnant dans
une posture d’auto-censure toute expression de son attachement à son pays ?
Parce que « on ne sait jamais, on pourrait croire que… ».
Le plus intéressant à observer dans le qualificatif « extrême droite »,
accolé par défaut à une expression de patriotisme comme l’affichage d’un drapeau,
concerne, à mon sens, bien plus celui qui prononce le jugement que celui qui en
est la cible.
Déclarer que l’affichage d’un patriotisme ne peut qu’être une manifestation d’extrême
droite ou de nationalisme relève d’une pensée bien étroite, non seulement incapable
d’envisager autre chose que le pire, mais aussi rétrécie par un sentiment trop
absolu de détenir la vérité dans un monde qui ne saurait être que binaire, dans
lequel les individus ne pourraient exister en dehors de cases prédéfinies, englobantes
et définitives. Outre l’amalgame fâcheux entre patriotisme et nationalisme, la
négation de l’individualité et l’enfermement dans des cases fossilisées posent
également problème, tout cela dit finalement bien plus de l’accusateur, distributeur
de bons et de mauvais points depuis une posture de supériorité morale, que de l’accusé.
Il n’est nul besoin de rejeter l’autre pour s’aimer soi-même.
Comme le disait De Gaulle « Le patriotisme c’est aimer son pays. Le
nationalisme c’est détester celui des autres. »
A quoi on pourrait rajouter qu’aimer son pays n’implique pas nécessairement un aveuglement
sur ses défauts et la part d’ombre de son histoire, pas plus qu’un amour béat,
irrationnel et immature.
Le patriotisme le plus sincère impose de tout prendre, le bon et le mauvais, d’admettre
le mauvais sans faux-fuyants, tout en étant fier du bon, en gardant humblement à
l’esprit que tout ceci relève, au final, du hasard et de la chance. Tout existe, tout est vrai en même temps, la réalité d'une chose ne peut exclure la réalité d'une autre.
Nouvelle publication décoloniale, " Universalisme", par Julien Suaudeau et Mame-Fatou Niang, collection « Le mot est faible », Anamosa, 2022. Au milieu de déclarations pertinentes et d'intentions affichées de ne point y toucher, les citations, disponibles ici , montrent pourtant un étalage assez exhaustif de l'arsenal sémantique et discursif de la proposition du "wokisme", qui n'existe pas, et que nous pourrons appeler "néo-progressisme" ou "post-progressisme", puisqu'il faut bien trouver un substantif qui satisfasse ses représentants et éviter autant que possible les querelles stériles et inutiles sur l'étiquette à accoler au produit, qui, lui, ne change pas de nature et c'est bien sa nature qui pose problème. Revue de détail non-exhaustive: " universaliser est un verbe transitif, comme coloniser. Il établit un rapport de domination entre le sujet universalisant et l’objet sauvage à universaliser, coloniser, civil